« Le Juif engagea un jour son disciple, Rabbi Bounam, à partir en voyage. Sans rien demander de plus, l’élève s’en fut. Il sortit de la ville en compagnie de quelques autres ‘Hassidim, et alla où voulait bien les conduire le chemin.
Dans un village vers midi, ils s’arrêtèrent à l’auberge où le patron, heureux d’avoir de pieux personnages chez lui, les invita à déjeuner. Rabbi Bounam s’installa dans la salle d’auberge, tandis que ses compagnons allaient fouiner un peu partout s’inquiétant de savoir si la viande était pure (1), qui était le cho’hèt (2), si l’on avait pris soin de bien la saler (3), etc.
Alors de derrière la poêle, se leva un homme dont les vêtements étaient loqueteux, et qui tenaient encore son bâton de voyageur à la main. Il dit : « Ah! Là, vous autres, les ‘Hassidim, vous faites toutes sortes d’embarras pour la pureté de ce que vous mettez dans votre bouche, mais vous vous tracassez un peu moins de la pureté de ce qui sort! ».
Rabbi Bounam voulu répondre, mais le voyageur, comme toujours fait Elie, avait déjà disparu. Rabbi Bouman comprit alors pourquoi son Maître l’avait envoyé sur les routes. « – Martin Buber, Les récits hassidiques tome 2, p. 203-204
(1) Les prescriptions sont sévères, et certaines maladies ou autres imperfections peuvent rendre « impure » la viande d’un animal pur.
(2) Pour s’assurer qu’il avait bien usé d’un couteau sans ébréchure et exactement observé les prescriptions de l’abattage rituel.
(3) Afin d’en exprimer totalement le sang, dont la consommation est interdite, on sale la viande crue généreusement.
« Les pharisiens et quelques scribes, venus de Jérusalem, s’assemblèrent auprès de Yéchoua. Ils virent quelques-uns de ses disciples prendre leurs repas avec des mains impures, c’est-à-dire, non lavées. Or, les pharisiens et tous les Juifs ne mangent pas sans s’être lavé soigneusement les mains, conformément à la tradition des anciens; et, quand ils reviennent de la place publique, ils ne mangent qu’après s’être purifiés. Ils ont encore beaucoup d’autres observances traditionnelles, comme le lavage des coupes, des cruches et des vases d’airain.
Et les pharisiens et les scribes lui demandèrent: Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens, mais prennent-ils leurs repas avec des mains impures?
Yéchoua leur répondit: Hypocrites, Ésaïe a bien prophétisé sur vous, ainsi qu’il est écrit: ‘Ce peuple m’honore des lèvres, mais son coeur est éloigné de moi. C’est en vain qu’ils m’honorent, en donnant des préceptes qui sont des commandements d’hommes.’ Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes.
Il leur dit encore: Vous anéantissez fort bien le commandement de Dieu, pour garder votre tradition.Car Moïse a dit: ‘Honore ton père et ta mère’; et: ‘Celui qui maudira son père ou sa mère sera puni de mort’. Mais vous, vous dites: ‘Si un homme dit à son père ou à sa mère: Ce dont j’aurais pu t’assister est korban, c’est-à-dire, une offrande à Dieu’, vous ne le laissez plus rien faire pour son père ou pour sa mère, annulant ainsi la parole de Dieu par votre tradition, que vous avez établie. Et vous faites beaucoup d’autres choses semblables.
Ensuite, ayant de nouveau appelé la foule à lui, il lui dit: Écoutez-moi tous, et comprenez. Il n’est hors de l’homme rien qui, entrant en lui, puisse le souiller; mais ce qui sort de l’homme, c’est ce qui le souille. Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il entende.
Lorsqu’il fut entré dans la maison, loin de la foule, ses disciples l’interrogèrent sur cette parabole. Il leur dit: Vous aussi, êtes-vous donc sans intelligence? Ne comprenez-vous pas que rien de ce qui du dehors entre dans l’homme ne peut le souiller? Car cela n’entre pas dans son coeur, mais dans son ventre, puis s’en va dans les lieux secrets, qui purifient tous les aliments.
Il dit encore: Ce qui sort de l’homme, c’est ce qui souille l’homme. Car c’est du dedans, c’est du coeur des hommes, que sortent les mauvaises pensées, les adultères, les impudicités, les meurtres, les vols, les cupidités, les méchancetés, la fraude, le dérèglement, le regard envieux, la calomnie, l’orgueil, la folie.Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans, et souillent l’homme. » – Marc 7:1-23